Pour environ un tiers des patients souffrant de troubles bipolaires, le lithium est un médicament miraculeux, prévenant aussi bien la phase maniaque que la phase dépressive. Malheureusement, il faut parfois attendre un an pour savoir si ce malade va répondre au lithium. Des chercheurs américains ont mis au point une technique pour détecter les patients bipolaires répondant au traitement.
Les neurones des bipolaires plus excitables
La maladie bipolaire atteint 3 % de la population mondiale. Elle entrave la qualité de vie des patients et augmente les risques de suicide. Le 29 et 30 mars se tient la 3ème journée mondiale des troubles bipolaires. De nombreuses conférences sont prévues dans tout l’hexagone. Si la maladie n’est plus taboue, son origine reste encore mal connue.
Cependant, la recherche avance. En 2015, les mêmes chercheurs américains ont découvert que les cellules nerveuses des bipolaires répondent plus fortement aux stimuli que ceux de la population générale. Ils ont aussi constaté que placer ces neurones dans un bain de lithium calmait leur hyperexcitabilité, mais pas pour tous les malades.
A savoir ! Le lithium est un thymo-régulateur (il régule l’humeur). Son nom vient du grec lithos, par référence à son origine minérale. Outre son utilisation médicale, on en trouve dans certaines piles, batteries ou type de verre.
Prédire la réponse au lithium par l’activité électrique
Une nouvelle étude dont les résultats viennent de paraître s’attache à comprendre pourquoi les neurones de certains bipolaires répondent au lithium et pas d’autres.
Pour cet essai, 6 patients bipolaires ont été recrutés. Après un prélèvement de sang, quelques lymphocytes (globules blancs) ont été génétiquement « reprogrammés » en neurones. L’équipe s’est d’abord assurée qu’on retrouvait la même hyperexcitabilité chez ces lymphocytes-neurones ; ce qui a été le cas.
Parmi ces 6 malades, certains étaient connus pour répondre au lithium. Les chercheurs ont pu constater que les neurones des deux groupes (répondeurs et non-répondeurs au lithium) souffraient de la même hyperexcitabilité. Cependant, leurs propriétés physiologiques électriques étaient différentes. Ces caractéristiques électriques ont été collectées par les scientifiques. Ils ont ensuite produit un programme informatique capable de prédire quelle cellule (et donc quel patient) était susceptible de bénéficier du traitement au lithium en fonction de ces particularités électriques. Le programme, testé sur 460 neurones, était fiable à 92 %.
La technique, assez délicate, n’en est qu’à un stade expérimental, mais se révèle prometteuse. D’autant qu’elle ne nécessite, au niveau du malade, qu’une prise de sang.
Prédire la réponse au lithium serait un grand pas en avant dans la gestion des troubles bipolaires. Cela permettrait de soigner efficacement 30 % des malades et d’éviter aux 70 % restant un traitement long, inutile et non dépourvu d’effets secondaires.
Isabelle V., Journaliste scientifique
Sources :
Bipolar disorder : New method predicts who will respond to lithium therapy, S. Stern and al., Science Daily, 20 mars 2017
Neurons derived from patients with bipolar disorder divide into intrinsically different sub-populations of neurons, predicting the patients’ responsiveness to lithium, S. Stern and al., Mol Psychiatry, 20 février 2017, DOI: 10.1038/mp.2016.260
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