Environ 600 000 personnes en France sont atteintes de troubles bipolaires. Le traitement de référence le plus utilisé est le lithium. Et pourtant, le mécanisme d’action de ce médicament reste encore incompris jusqu’ici. Mais de récentes données pourraient permettre de mieux comprendre comment il agit dans la bipolarité. Explications.
Troubles bipolaires et lithium
Le lithium est actuellement le principal médicament de référence dans le traitement des troubles bipolaires. Il s’agit d’un régulateur de l’humeur, ce que les spécialistes appellent un normothymique, indiqué dans la prévention et le traitement des épisodes de manie et d’hypomanie des patients bipolaires.
Ce traitement de la bipolarité n’est pas récent, puisqu’il est utilisé depuis près d’un siècle. Si son efficacité n’est plus à démontrer, les scientifiques s’interrogent toujours sur son mécanisme d’action. Récemment, des chercheurs français ont mené une nouvelle étude, qui pourrait permettre d’enfin élucider cette énigme.
La microstructure cérébrale étudiée à l’échelle microscopique
Jusque-là, les scientifiques considéraient que le lithium agissait à plusieurs niveaux sur les troubles bipolaires. Il semblait avoir une action directe sur le tissu cérébral, en provoquant une préservation, voire une augmentation de la quantité de matière grise. Mais que se passe-t-il exactement à l’échelle microscopique dans le cerveau des patients traités par le lithium ?
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs de l’hôpital Henri-Mondor AP-HP et du Centre hospitalier universitaire de Grenoble ont analysé la microstructure cérébrale de deux groupes de patients :
- 41 patients atteints de troubles bipolaires ;
- 40 volontaires sains.
La technique utilisée était la modélisation de la diffusion de l’eau, mesurée par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) (NODDI: practical in vivo neurite orientation dispersion).
Le mécanisme d’action du lithium enfin élucidé ?!
Les résultats des analyses ont révélé une augmentation de la densité dendritique dans le cortex frontal chez les patients bipolaires traités par le lithium. La densité dendritique des patients atteignait celle des sujets sains, alors que celle des patients non traités par le lithium était inférieure. Les dendrites sont les prolongements ramifiés des neurones.
Ce résultat renforce l’hypothèse des scientifiques, selon laquelle le lithium améliore la plasticité de la matière grise cérébrale et ainsi la communication entre les neurones dans cette région du cerveau, atteinte chez les patients bipolaires. Ce mécanisme d’action pourrait expliquer l’efficacité du lithium dans le traitement des troubles bipolaires, mais il pourrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives dans le traitement d’autres pathologies neurologiques ou psychiatriques. Les chercheurs souhaitent désormais reproduire ces résultats à plus grande échelle pour confirmer le mécanisme d’action du lithium.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
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