La fréquence des troubles bipolaires dans la population est peu renseignée. Au niveau européen, une revue de la littérature sur 11 études permet de situer la prévalence moyenne de la maladie autour de 0.7%. En France, aucune donnée n’était jusqu’à présent disponible. L’étude de Santé publique France fait donc figure de première et révèle un certain nombre de disparités dans la répartition du trouble.
Les troubles bipolaires en France
L’objectif de l’étude réalisée par Santé Publique France était de « décrire la prise en charge des patients atteints de troubles de l’humeur dans les établissements de santé ayant une activité autorisée en psychiatrie en France métropolitaine, à partir de la base nationale de Recueil d’information spécialisée en psychiatrie (RIM-P) ».
Ce RIM-P archive depuis 2007 toute activité effectuée en établissement de santé ayant une activité psychiatrique autorisée. Ainsi, les informations répertoriées concernent tous les séjours en psychiatrie en établissement public ou privé, que ces hospitalisations soient à temps plein ou partiel.
Les soins ambulatoires en établissement public sont également collectés, notamment lors de consultations en centre médico-psychologique. Alors, toutes les personnes ayant été hospitalisées ou prises en charge en ambulatoire entre le 1 janvier 2010 et le 31 décembre 2014 avec un trouble dépressif ou bipolaire ont été incluses dans la récente analyse de Santé Publique France publié en janvier dernier.
Les résultats de cette analyse révèlent qu’en France, on assiste à une augmentation du nombre de patients pris en charge pour des troubles bipolaires. Entre 2010 et 2014, le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France a répertorié environ 80 000 personnes soignées chaque année pour des troubles bipolaires. Tandis que le taux de patients dépressifs, estimé autour de 300 000 personnes par an, reste stable, celui des patients bipolaires semble en augmentation.
Troubles bipolaires : des disparités marquées
En 2017, 96 550 patients étaient pris en charge pour des troubles bipolaires, ce qui représente 157.1 patients pour 100 000 habitants. Et, fait intéressant, ce taux était 1.6 fois plus important chez les femmes que chez les hommes. En effet, l’étude rapporte entre 163 et 190 femmes bipolaires pour 100 000 contre 104 à 120 hommes pour 100 000.
A savoir ! On observe la même tendance du côté du trouble dépressif avec un taux 1.7 fois plus important chez les femmes. On note par ailleurs, que la prise en charge avant l’âge de 15 ans pour bipolarité (et dépression) est relativement rare et répartie de la même façon pour les 2 sexes.
Par ailleurs, de fortes disparités régionales avec des taux allant pratiquement du simple au double ont été constatées dans la prise en charge des troubles bipolaires et plus largement des troubles de l’humeur (trouble bipolaire et dépressif). Ainsi, pour les hommes la prise en charge de la maladie bipolaire était de 81.5 pour 100 000 en Hauts-de-France contre 162.1 pour 100 000 en Occitanie.
Le constat chez les femmes est le même avec 122.4 pour 100 000 en Hauts-de-France contre 275.2 pour 100 000 en Nouvelle-Aquitaine. Un gradient Nord-Est / Sud-Ouest semble se dessiner, avec des taux supérieurs de 20% à la moyenne nationale pour le Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) et à l’inverse inférieur de 20% pour le Nord-Est (Hauts-de-France et Grand-Est).
L’étude conclue sur la nécessité de poursuivre et de compléter la surveillance de ces troubles jusqu’à présent encore trop méconnus. Des actions pour la détection et la prise en charge précoce sont à mettre en place afin d’enrayer ce nouveau fléau de santé publique.
Charline D., Pharmacienne
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