Les neurones des patients bipolaires seraient plus sensibles à certains stimuli que les neurones de patients sains, selon les résultats de chercheurs américains.
Troubles bipolaires & Cellules cérébrales
Ces travaux, publiés dans la prestigieuse revue Nature, montrent pour la première fois comment le trouble bipolaire se traduit au niveau des cellules cérébrales. Sur la base de ces travaux, les scientifiques pensent avoir un établi un système qui permettra de prédire de l’efficacité de nouvelles molécules.
Dans cette étude, les chercheurs ont collecté des biopsies de peau de 6 patients bipolaires répondant, ou non, au lithium. Les cellules de la peau ont ensuite été reprogrammée en cellules souches, lesquelles ont été activées pour devenir des neurones. Les neurones ainsi obtenus ont alors été comparés à ceux des neurones de patients sains.
Des neurones hypersensibles
Les neurones sont des cellules qui réagissent à un stimulus : chimique, thermique ou mécanique, par la production d’un influx nerveux, cette caractéristique est appelée excitabilité. La découverte des chercheurs réside dans les propriétés cellulaires des neurones de patients bipolaires.
Les cellules neuronales des patients bipolaires sont beaucoup plus sensibles que celles des patients sains ; c’est à dire que pour un même niveau de stimulus, ils répondront de manière excessive par rapport aux neurones de personnes non bipolaires, on parle d’hyperexcitabilité des neurones. Cette hyperexcitabilité est, par ailleurs, corrélée par une plus grande activité des mitochondries, les usines à énergie des cellules.
Une sensibilité différente au lithium
Le lithium fait partie des traitements de premières lignes pour les patients souffrant de troubles bipolaires. Pour les patients qui n’y répondent pas, commence alors un parcours plus long pour trouver le traitement médicamenteux le mieux adapté.
Si les neurones des 6 patients bipolaires testés présentaient tous une hyperexcitabilité, ils ne sont pas tous sensibles au lithium.
Cultivés en présence de lithium, les neurones des patients répondant positivement au lithium, devenaient moins excitables. En revanche, les neurones de patients dont les symptômes n’ont pas été améliorés par le lithium, restaient eux hyper-excitables.
Cette observation, n’apporte pas en soi de réponse définitive sur la différence d’excitabilité des neurones de différents patients, mais cette caractéristique pourrait être utilisée pour tester et prédire l’efficacité de nouvelles molécules. Une correction de l’hyperexcitabilité pourrait alors indiquer une probable efficacité chez le patient, ce système permettrait donc de proposer au patient le traitement le mieux adapté à son cas.
Source :
Mertens et al., Differential responses to lithium in hyperexcitable neurons from patients with bipolar disorder. Nature527,95–99(05 November 2015)doi:10.1038/nature15526