Selon l’Organisation mondiale de la santé, 60 millions de personnes dans le monde sont atteintes du trouble bipolaire. Dans un rapport récent, publié dans la revue The Lancet Psychiatry, une équipe internationale met en évidence que les patients sont insuffisamment pris en charge lors de leur premier épisode maniaque et que les directives internationales concernant le diagnostic et les thérapies doivent être améliorées.
Trouble bipolaire et premier épisode maniaque
Pour réaliser cette étude de données couvrant 75 publications, les chercheurs en psychiatrie, psychologie et neurosciences du King’s College de Londres, du centre australien Orygen et de l’université de Melbourne et enfin, de l’université de Vancouver ont procédé par étapes.
Grâce à leurs recherches et analyses bibliographiques, ils ont :
- Examiné la prévalence et à les complications sanitaires du trouble bipolaire ;
- Mis en avant l’évolution de la maladie et les traitements associés ;
- Passé en revue les recommandations internationales sur le trouble bipolaire.
Leurs résultats montrent que les personnes atteintes de bipolarité ont :
- Pour la moitié, des symptômes qui se déclarent avant l’âge de 21 ans et qu’il faut, dans certains cas, attendre 6 ans pour qu’un diagnostic soit de bipolarité soit posé ;
- Un risque de suicide au moins 12 fois supérieur à celui des personnes non atteintes ;
- Peu de chance de recevoir le traitement dont elles ont besoin après leur premier épisode maniaque.
À savoir ! Pour qu’une personne reçoive un diagnostic de trouble bipolaire, elle doit avoir eu au moins un épisode maniaque. Au sens psychiatrique l’accès maniaque se caractérise par un état d’excitation psychique et motrice avec exaltation de l’humeur et mégalomanie.
Après le bilan, quelles sont les recommandations des spécialistes ?
Dans leur étude, les chercheurs mentionnent que le manque de connaissance sur les interventions pharmacologiques et psychologiques à mettre en place lors des premiers épisodes maniaques a entraîné la mise en place de directives incomplètes. Dans ce contexte, les soins apportés aux patients restent incomplets et non homogènes.
» En identifiant les personnes qui ont eu un premier épisode et en leur proposant un traitement approprié à un stade précoce, nous pouvons les aider à continuer à vivre et à prévenir les rechutes. Les personnes identifiées tôt et recevant un traitement efficace parviennent à éviter de nouveaux épisodes et à réaliser des choses extraordinaires, tandis que les autres personnes sans traitement restent coincé pendant des années » prévient Sameer Jauhar, un des auteur de l’étude, psychiatre pour les personnes atteintes de psychose au premier épisode et chercheur principal au King’s College de Londres.
Aussi, et afin de mieux suivre les patients atteints de troubles bipolaires, les chercheurs soulignent qu’il faut davantage d’études cliniques avec des suivis sur le long terme. En accompagnant des cohortes de patients sur 5 ans, 10 ans, 15 ans ou plus, il sera alors possible de mettre en place des traitements plus adaptés et faire en sorte que les patients aient une qualité de vie améliorée sur le long terme.
Compte tenu de ce manque de soins et des risques associés à la maladie, les chercheurs appellent la communauté internationale à élaborer de nouvelles lignes directrices pour le diagnostic et les thérapies.
Enfin, ils suggèrent que ces patients souffrant d’un premier épisode maniaque devraient être pris en charge dans des unités médicales spécialisées.
Julie P. Journaliste scientifique
– The case for improved care and provision of treatment for people with first-episode mania. The Lancet Psychiatry. Sameer Jauhar et al. Consulté le 13 août 2019.