Évolution • Le risque de suicide • Prévention du risque suicidaire • Autres risques
Évolution
Le début de la maladie bipolaire est souvent brusque, pour les premiers épisodes on identifie souvent des « facteurs déclenchants », évènements de vie qui coïncident avec l’apparition des symptômes et qui semblent les favoriser.
Un épisode maniaque inaugure le plus souvent les formes typiques de trouble bipolaire : il annonce dans plus de 80% des cas un trouble bipolaire.
L’évolution d‘un état maniaque comme celle d’un épisode dépressif non traité est en général de 4 à 8 mois. Le traitement permet de réduire la durée de ces accès.
L’évolution est irrégulière, la cyclicité tend à s’aggraver au cours du temps, les épisodes se rapprochant.
La durée des épisodes varie en fonction de la rapidité à l’instauration du traitement.
Cette évolution plutôt péjorative peut être enrayée par un traitement adapté instauré le plus précocement possible.
Une personne bipolaire non traitée aurait en moyenne une espérance de vie inférieure de 20 ans à l’espérance de vie dans la population générale, liée à différents risques.
Certains de ces facteurs défavorables ne sont pas accessibles à la prise en charge. Mais un traitement précoce, la prise en compte des comorbidités, un suivi régulier et une bonne relation thérapeutique entre médecin et malade sont autant de moyens de réduire les complications liées à la maladie bipolaire, et d’en améliorer le pronostic spontané. Il est donc très important de consulter dès le début des troubles et de maintenir le suivi au fil du temps
Le risque de suicide
Le risque principal de la maladie bipolaire est le suicide.
On estime que 20% des bipolaires décèdent par suicide. Ce risque est 30 fois supérieur à celui de la population générale, il est donc considérable. Il est équivalent entre les sexes alors que dans la population générale il est 3 fois supérieur chez les hommes. On observe un pic de fréquence des suicides en mai et en octobre.
Le risque de décès par suicide est plus élevé pour les bipolaires de type II qui présentent souvent des comorbidités (alcool, trouble de la personnalité…) qui contribuent elles aussi au risque de geste suicidaire.
Le risque de tentative de suicide est quant à lui supérieur pour les bipolaires de type I (26% contre 18% pour les bipolaires de type II et 11% pour les unipolaires). Il est fréquent dans les états mixtes.
Ce risque existe pendant les phases dépressives, de nombreux malades déclarant alors des pensées suicidaires. Présent au début de l’épisode, il peut se manifester au moment où le traitement antidépresseur commence à agir, diminuant le ralentissement initial sans pour autant être encore complètement efficace sur la tristesse ni sur la douleur morale.
Le risque existe aussi pendant les phases maniaques, sous la forme d’un geste impulsif, et est à craindre tout particulièrement au cours des épisodes mixtes. Il est parfois présent au cours des phases de rémission.
Il semble que ce risque soit plus important pendant les premières années de la maladie.
Prévention du risque suicidaire
Une prévention de ce risque de suicide doit donc être mise en place pour tout malade bipolaire au moyen d’un traitement médicamenteux et d’un suivi psychothérapique étroit dans « l’alliance » thérapeutique avec le médecin. L’éducation du patient et de son entourage à dépister ce risque et les différentes manifestations de la maladie est également un enjeu très important.
Outre son rôle thymorégulateur le lithium aurait un rôle préventif spécifique des conduites suicidaires.
Selon certains travaux 59% des bipolaires décédés par suicide ont rencontré un médecin psychiatre ou généraliste avant leur geste suicidaire. La prévention n’est donc pas un problème d’accès aux soins mais pose la question du dépistage de troubles de l’humeur.
Dans certains cas de risque immédiat, une hospitalisation doit être discutée. Les antécédents de tentative de suicide doivent rendre vigilants médecins et entourage.
Autres risques
En dehors du suicide, un autre risque majeur est celui des abus de substances : la consommation excessive d’alcool et de toxiques est fréquente (voir « comorbidités ») et diminue l’espérance de vie.
Les comportements à risque (conduite automobile à vitesse excessive, défis dangereux, comportements sexuels à risques, actes médicolégaux…) sont fréquents surtout en phase maniaque ou mixte, et peuvent eux aussi engager le pronostic vital.
Les complications dites psychosociales sont fréquentes. La maladie expose à :
- des difficultés professionnelles (licenciement, démissions impulsives, conflits professionnels),
- des difficultés familiales et sociales, les symptômes entraînant conflits conjugaux, séparation, divorce, perte des amis aboutissant parfois à un véritable isolement social.
Les facteurs de risque associés à ces complications psychosociales sont :
- Un début précoce de la maladie
- Le sexe masculin
- Le nombre élevé d’épisodes
- La présence de symptômes délirants pendant les épisodes
- Les consommations d’alcool et de toxiques
- Une personnalité instable