Les troubles bipolaires figurent dans la liste des dix maladies les plus invalidantes dans le monde, établie par l’Organisation Mondiale de la Santé. Pourtant, il faut souvent attendre de nombreuses années avant que le diagnostic de la maladie ne soit clairement établi, et donc que la prise en charge adaptée ne soit mise en place. Mais ce délai pourrait considérablement se raccourcir, grâce à une récente découverte.
Au moins 10 ans pour diagnostiquer les troubles bipolaires
Les troubles bipolaires, outre l’impact direct qu’ils ont sur la qualité de vie, peuvent fortement nuire à l’espérance de vie. Ainsi, les personnes bipolaires vivent en moyenne 10 à 20 ans de moins que le reste de la population.
Aujourd’hui, 650 000 à 1,2 millions de personnes souffrent en France de bipolarité, selon les estimations. Si les premiers signes de la maladie apparaissent relativement tôt, entre 15 et 25 ans, il faut souvent attendre de longues années avant qu’un diagnostic formel soit posé. En moyenne, ce délai est de 10 ans, 10 années pendant lesquelles aucun traitement n’est mis en place.
L’activité nerveuse du système vestibulaire pour un diagnostic rapide
Pourquoi un tel délai pour diagnostiquer les troubles bipolaires ? Actuellement, le diagnostic est extrêmement difficile à réaliser pour les médecins psychiatres et il faut en général entre 4 et 5 médecins différents pour parvenir au diagnostic. Et cette difficulté de diagnostic retarde non seulement la prise en charge, mais entraîne aussi un important sous-diagnostic. Environ 40 % des patients dépressifs pourraient en réalité être des patients bipolaires.
Actuellement, aucun examen objectif (un prélèvement biologique, un examen d’imagerie) n’est disponible pour diagnostiquer formellement les troubles bipolaires. Mais cette situation pourrait évoluer grâce aux travaux de chercheurs canadiens, qui viennent d’être publiés dans la revue scientifique World Journal of Biological Psychiatry. Ces chercheurs tentent de mettre au point un test qui serait capable de diagnostiquer la maladie en moins d’une heure et de repérer les patients les plus à risque de développer la maladie. Une véritable révolution pour les patients atteints de troubles bipolaires.
Ces chercheurs ont travaillé sur l’activité nerveuse du système vestibulaire (une zone cérébrale impliquée dans les vertiges notamment chez les patients atteints de la maladie de Parkinson) chez trois groupes de patients :
- 43 patients atteints de troubles bipolaires ;
- 39 patients souffrant de dépression ;
- 27 personnes en bonne santé.
Des résultats à confirmer à grande échelle
Leurs analyses ont montré que l’activité nerveuse du système vestibulaire était très différente entre les trois groupes de patients. La mesure de cette activité pourrait ainsi permettre de diagnostiquer très rapidement les personnes atteintes de troubles bipolaires. Pour le confirmer, des études à plus grande échelle sont désormais nécessaires.
Si la mesure de l’activité nerveuse du système vestibulaire confirme son intérêt dans le diagnostic des troubles bipolaires, elle pourrait être validée par les autorités sanitaires. Elle pourrait venir en complément des évaluations psychiatriques actuelles. Une telle perspective est capitale pour améliorer la prise en charge des patients bipolaires, car les conséquences du retard de diagnostic peuvent être particulièrement graves.
Estelle B., Docteur en Pharmacie