Dans le Monde, environ 60 millions de personnes seraient touchées par le trouble bipolaire. Le traitement le plus utilisé sont les sels de lithium, qui nécessitent une surveillance importante tout au long du traitement. Celle-ci se fait via des prises de sang, assez contraignantes. Une équipe de chercheurs japonais a mis au point un appareil pour mesurer la concentration en lithium à partir d’une simple goutte de sang. Un outil qui pourrait faciliter le suivi des personnes atteintes de troubles bipolaires.
Le lithium, un médicament avec une marge thérapeutique étroite
Les sels de lithium sont le traitement de référence pour le trouble bipolaire. Cependant, à cause d’une plage de concentration thérapeutique étroite, leur utilisation doit être bien surveillée.
Les effets secondaires principaux du lithium sont :
- Troubles digestifs (diarrhées, nausées, vomissements)
- Tremblements, avec raideur de la mâchoire et difficulté à parler
- Syndrome confusionnel
- Sécheresse de la bouche
- Sensation de soif et augmentation du volume urinaire, nécessitant une surveillance de la fonction rénale
- Anomalie de la thyroïde
- Acné ou sensation de prurit
Il est donc important de contrôler fréquemment le taux de lithium dans le sang, ou lithiémie, surtout en début de traitement. Une fois l’équilibre atteint, le contrôle de la lithiémie doit être réalisé à intervalles réguliers et également en cas de suspicion d’un déséquilibre (déshydratation, prise de nouveaux médicaments pouvant interagir avec le lithium…)
Un test à base de papier qui change de couleur en fonction de la lithiémie !
Actuellement, les méthodes d’examens sont complexes, nécessitent des appareils onéreux et ne peuvent être réalisées qu’en laboratoires spécialisés. Une équipe japonaise, dont les résultats ont été publiés dans ASC Sensors, a développé une méthode simple et peu coûteuse pour mesurer la lithiémie.
Les chercheurs ont développé un appareil à base de papier. Celui-ci se compose de deux éléments liés l’un à l’autre : une unité de séparation des cellules sanguines et une unité de détection colorimétrique. Une goutte de sang est alors déposée sur l’unité de séparation, migre vers l’unité de détection, et affiche une couleur de diagnostic. Une caméra est alors nécessaire pour analyser l’image et donner la teneur en lithium. Cet appareil à une capacité de détection similaire à celle des instruments classiques, qui utilisent également une réaction colorimétrique. Le seuil de détection est de 0.054 mmol/l.
À savoir ! La toxicité du lithium apparait à des lithiémies supérieures à 1.2 mmol/l
Bientôt à la portée des patients atteints de troubles bipolaires ?
Cet appareil, très simple d’utilisation, donne un résultat en quelques minutes. L’équipe japonaise développe actuellement une application mobile pour analyser directement les images. Ainsi, les patients ou les membres d’associations aidant pour la bipolarité pourront vérifier directement et facilement la concentration des ions lithium dans le sang. Les chercheurs pensent également à modifier certains réactifs de détection et autres composants pour utiliser cet appareil dans la détection sanguine d’autres ions. Cet appareil permettrait de simplifier la surveillance régulière des concentrations de lithium dans le traitement du trouble bipolaire. Mais il reste encore de nombreuses démarches médicales et règlementaires avant de voir arriver ce dispositif en France !
Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique