Selon la Haute Autorité de Santé, entre 1 et 2,5 % de la population française serait touchée par les troubles bipolaires. La prise en charge de cette maladie repose sur une psychothérapie et des traitements médicamenteux. Selon une étude, dont les résultats ont été présentés lors du dernier Congrès du Collège Européen de Neuropsychopharmacologie, qui s’est récemment tenu à Barcelone, l’alimentation et le poids corporel pourraient jouer un rôle capital dans l’efficacité des médicaments contre la bipolarité.
L’efficacité des traitements de la bipolarité
Parallèlement à la prise en charge psychothérapeutique, le traitement des troubles bipolaires repose sur l’administration de plusieurs médicaments :
- Les thymorégulateurs ou régulateurs de l’humeur, comme les sels de lithium ou certains antiépileptiques ;
- Des neuroleptiques ;
- Des antidépresseurs (en particulier de la classe des inhibiteurs de recapture de la sérotonine).
L’efficacité de ces traitements varie d’un patient à l’autre. Pour mieux comprendre les facteurs qui déterminent l’efficacité des médicaments contre les troubles bipolaires, des chercheurs se sont penchés sur le rôle de l’alimentation et du contrôle du poids corporel. L’alimentation conditionne en effet de nombreux aspects de la santé physique et mentale.
L’influence de l’alimentation sur les traitements
Dans leur étude, des chercheurs australiens, américains et allemands ont analysé les données recueillies sur 133 participants, ayant présenté un épisode de dépression bipolaire, c’est-à-dire la phase dépressive du trouble bipolaire.
Tous les participants ont été aléatoirement répartis en trois groupes qui, en plus de leurs traitements habituels, ont reçu les traitements suivants sur une période de 16 semaines :
- Un mélange de suppléments alimentaires de type nutraceutique, c’est-à-dire des nutriments naturels utilisés en nutrithérapie pour aider à prévenir ou à lutter contre les maladies chroniques ;
- Une substance reconnue pour ses propriétés anti-inflammatoires, la N-acétylcystéine (NAC) ;
- Un placebo.
Au début de l’étude, toutes les 4 semaines pendant l’étude, puis 4 semaines après l’étude, différents critères ont été retenus et étudiés :
- L’Indice de Masse Corporelle (IMC) ;
- Les signes de dépression ;
- Les capacités fonctionnelles au quotidien ;
- Les habitudes alimentaires.
Un suivi diététique pour les bipolaires
Au terme de l’étude, les chercheurs ont mis en évidence que les personnes ayant les meilleures habitudes alimentaires (consommation élevée de fruits et de légumes) ou un IMC normal répondaient plus positivement au traitement nutraceutique, que les personnes ayant de mauvaises habitudes alimentaires (consommation d’aliments riches en graisses saturées et en glucides raffinés, consommation excessive d’alcool) ou un surpoids.
Le contrôle du poids corporel et de bonnes habitudes alimentaires pourraient ainsi améliorer l’efficacité des traitements contre les troubles bipolaires. Pour expliquer un tel résultat, les chercheurs avancent l’hypothèse d’un effet anti-inflammatoire d’un régime alimentaire riche en fruits et légumes et au contraire l’hypothèse d’un effet pro-inflammatoire des mauvaises habitudes alimentaires.
Même si les résultats de cette étude nécessitent d’être validés par un essai de plus grande envergure, l’alimentation pourrait jouer un rôle déterminant dans la prise en charge des troubles bipolaires. Un suivi diététique spécifique pourrait ainsi être recommandé pour toutes les personnes souffrant de bipolarité.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Bipolar disorder: A good diet may boost treatment. Medical News Today. 9 octobre 2018.