Selon les dernières études, la part des facteurs génétiques qui joue un rôle dans l’apparition du trouble bipolaire et qui se transmettent entre les générations est estimée entre 60 et 65%. La part restante est donc attribuée aux facteurs environnementaux. Parmi eux, la maltraitance infantile qui est un facteur déclenchant mais aussi, un facteur aggravant de la maladie. Lumière sur les dernières études faisant le lien entre bipolarité et traumatismes vécus pendant l’enfance.
Les chocs psychiques vécus pendant l’enfance doublent le risque de survenue de la bipolarité
Les facteurs environnementaux influençant le risque de survenue de la bipolarité et agissant pendant l’enfance et/ou l’adolescence sont aujourd’hui bien identifiés.
Il s’agit notamment du stress chronique vécu pendant la période infantile et la consommation de cannabis au moment de la préadolescence ou de l’adolescence.
Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’INSERM, dont le psychiatre Bruno Etain, en 2010 sur 300 individus, les traumatismes psychologiques augmentent le risque de survenue de la bipolarité d’un facteur 2,14. Autrement dit, un enfant ayant subi un choc émotionnel pendant son enfance a deux fois plus de risque de développer un trouble bipolaire.
Les traumatismes psychiques infantiles sont aussi des événements favorisant l’apparition des états de stress post traumatiques, du trouble du déficit et de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou encore, des tentatives de suicide.
À savoir ! Les causes d’un traumatisme psychique ou psychologique sont nombreuses : perte d’un proche, abus sexuel, harcèlements, agressions verbales ou physiques, être témoin d’un événement traumatisant ou encore subir des humiliations.
Au-delà d’être un facteur déclenchant, ce traumatisme psychologique subi pendant l’enfance est également un facteur de sévérité de la maladie.
En effet, les personnes bipolaires ayant subi des maltraitances psychiques ont davantage de risque de :
- Développer leur bipolarité précocement ;
- Présenter une alternance de phases dépressives et maniaques plus rapides.
Des séquelles au niveau des gènes
Et si les traumatismes psychiques vécus pendant l’enfance s’inscrivaient dans le patrimoine génétique ?
Cette hypothèse repose sur l’épigénétique. En effet, une modification de la structure de gènes, sous la pression de facteurs environnementaux, changent leur niveau d’expression.
Peu à peu, les recherches dans le domaine des mécanismes épigénétiques montrent que le génome, l’ensemble des gènes, subit des transformations chimiques suite à l’exposition à un évènement traumatisant.
À savoir ! Les modifications épigénétiques du génome consistent en l’ajout de groupements méthyle sur l’ADN lui-même mais aussi sur les protéines de compactage de l’ADN, les histones. L’activité des gènes peut en être modifiée sans que la séquence de l’ADN soit modifiée.
Les études mettent notamment en évidence que les personnes ayant vécus certains traumatismes d’ordre physique, émotionnel ou sexuel portent des « séquelles » sur leurs gènes dédiés à la régulation de développement du système nerveux central.
Cependant, les chercheurs n’ont pas encore montré une corrélation entre le degré de la maltraitance (intensité, fréquence et durée dans le temps) et l’importance des répercussions sur le génome.
Reste désormais, d’un point de vue génétique, à affiner les recherches pour montrer si l’impact sur le génome est d’autant plus important que les événements traumatisants ont été intenses, répétés et ont perduré dans le temps.
L’identification de ces marqueurs biologiques permettront, à terme, de développer des stratégies thérapeutiques personnalisées.
Julie P. / Journaliste scientifique
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