Le trouble bipolaire, également appelé psychose maniaco-dépressive par le passé, est une maladie entraînant des dérèglements de l’humeur. Elle peut prendre diverses formes et c’est bien là, le problème : cette hétérogénéité de la pathologie complique la tâche des professionnels de santé et engendre des retards de diagnostic.
Les troubles bipolaires sont difficiles à définir
Les troubles bipolaires sont caractérisés par des fluctuations marquées de l’humeur. Selon les caractéristiques de la crise et l’évolution de la maladie dans le temps, on peut déterminer plusieurs types de troubles :
- Le bipolaire de type I représente la forme « typique » du trouble avec un ou plusieurs épisodes maniaques ou mixtes accompagnés ou non d’épisodes dépressifs.
- Le bipolaire de type 2 est diagnostiqué lors de l’association d’au moins un épisode dépressif majeur et d’un épisode d’hypomanie.
- Le bipolaire de type 3, pour lequel il n’existe pas vraiment de consensus concernant la définition, est pour certains auteurs :
- L’association de dépressions récurrentes avec des antécédents familiaux de troubles bipolaires ;
- Ou des dépressions survenant chez des individus à tempérament hyperthymique (état d’euphorie, d’hyperactivité) ou cyclothymique (alternance d’humeur) ;
- Ou un virage de l’humeur induit par un antidépresseur.
- Les formes atténuées de la maladie souvent retrouvées chez les patients avec des antécédents familiaux de troubles bipolaires. Ils sont caractérisés par une alternance de symptômes hypomaniaques et dépressifs, au moins pendant 2 ans, sans pour autant pouvoir être qualifiés de crises.
Finalement, les épisodes (ou crises) des troubles bipolaires peuvent se traduire par des accès hypomaniaques, maniaques avec ou sans signes psychotiques, ou encore dépressifs de légers à modérés voire sévères avec ou sans symptômes psychotiques. Ils peuvent aussi être mixtes avec ou sans signes psychotiques. Ainsi, on comprend mieux la difficulté des médecins et le retard dans l’établissement d’un tel diagnostic reposant uniquement sur l’évaluation clinique du patient et une définition encore floue de la maladie.
Une prise en charge trop tardive
Les troubles bipolaires sont récurrents dans plus de 90% des cas : un premier épisode est suivi d’au moins une rechute dans les 2 ans qui suivent. Par ailleurs, on connait bien la prédisposition de ces patients au suicide. En effet, les résultats d’une étude réalisée sur près de 9000 patients ont montré que 19% des bipolaires non traités décèderaient par suicide. Et, jusqu’à 60% des suicides impliqueraient des troubles de l’humeur.
Ainsi, pour le clinicien, une question est indispensable : la date de début de la maladie bipolaire. En effet, dans une pathologie telle que celle-ci le pronostic est intimement lié au délai s’écoulant entre l’apparition de la maladie et la prise en charge. Plus le délai sera long, moins le pronostic sera bon. De plus, et de façon plus générale, l’état psychologique du patient risque de se dégrader avec le temps et le sentiment d’être ignoré ou incompris. Alors, comment définir le moment où la maladie a commencé ? Au début des symptômes ? Lors du premier épisode ? De la première consultation ? Cette question est pour l’instant sans réponse.
C’est donc logiquement et en conséquence de l’ensemble des raisons évoquées, qu’une récente analyse regroupant près de 27 études et portant sur 9 415 patients a estimé l’intervalle entre l’apparition du trouble et la prise en charge à 5.8 ans. Cette analyse a également mis en évidence une grande hétérogénéité entre les diverses études en fonction de leur définition de la maladie bipolaire et de sa chronologie. Malgré, des résultats très différents, un constat reste le même : l’intervalle de prise en charge est beaucoup trop long et pourrait être réduit.
Au final, beaucoup de questions restent encore en suspens concernant les troubles bipolaires afin d’apporter au patient une prise en charge optimale. Des avancées sont pourtant visibles, la maladie est plus connue et plus de patients sont diagnostiqués et pris en charge. Malgré tout, des efforts (et non des moindres) restent à faire !
Charline D., Pharmacien
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