Le 9 Décembre 2015, l’ANSM et l’HAS ont publié les alternatives possibles au valproate et à ses dérivés chez les femmes en âge de procréer, souffrant de troubles bipolaires et d’épilepsie.
Les alternatives thérapeutiques au valproate sont énoncées sur le site de l’ANSM dans une fiche mémo ainsi que les médicaments contenant cette molécule.
Valproate et ses dérivés: des effets tératogènes et des troubles autistiques
Dans les années 1980, des études ont démontré les dangers tératogènes du valproate et de ses dérivés sur les fœtus. Cette molécule est très utilisée comme traitement des troubles bipolaires et de l’épilepsie, pourtant, les enfants qui y sont exposés in utero présentent un risque élevé de malformations congénitales et de troubles du développement du système nerveux central. Ces risques sont dose-dépendants et peuvent survenir tout au long de la grossesse.
En effet, ces fœtus ont 10.75% de risque de développer une malformation, alors que ce risque s’élève à 2-3% dans la population générale.
Les troubles du développement apparaissent chez 30-40% des enfants exposés au valproate lors de la grossesse et réduisent leurs capacités mentales et physiques.
Les études montrent également que les fœtus exposés à la molécule ont trois fois plus de risques de développer les syndromes appartenant aux troubles autistiques et cinq fois plus de risques de souffrir d’autisme infantile et de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité.
Malgré ces risques, 75000 à 80000 femmes en âge de procréer étaient sous valproate en 2014 et 62% d’entre elles ne savaient pas ou étaient peu au courant des risques de ce médicament pour leur descendance. Des risques encore trop méconnus, qui ont poussé les autorités de santé à rédiger de nouvelles recommandations concernant l’utilisation de cette molécule.
Précaution d’utilisation du valproate chez les femmes enceintes
Le valproate ne doit pas être utilisé chez les femmes et adolescentes en âge de procréer sauf si aucune alternative thérapeutique n’est efficace. Quel que soit le cas de figure, la patiente devra être formellement mise au courant des risques liés à ce traitement en signant un formulaire d’accord de soins. Le médecin doit également s’assurer de la fiabilité et de l’efficacité du moyen de contraception de la patiente traitée par valproate, et une réévaluation du traitement doit être faite au moins une fois par an afin de justifier sa nécessité. Les modalités de prescription de ce médicament ont également été revues : la prescription initiale ne peut être faite que par un spécialiste en neurologie, psychiatrie et pédiatrie. Le renouvellement peut être effectué par un généraliste, mais pour la délivrance du médicament, le pharmacien doit vérifier la prescription initiale et que le formulaire d’accord de soins soit bien signé par la patiente ou son représentant légal. Il faut noter qu’aujourd’hui, 94% des patientes en âge de procréer n’ont pas signé d’accord de soins et 55% d’entre elles n’ont pas de prescription initiale d’un spécialiste.
Si une patiente a un désir de grossesse, le traitement ne doit pas être interrompu brutalement, et il doit être changé si cela est possible. Si toutefois le traitement ne peut être substitué, après avoir informée la patiente des risques tératogènes que ce son fœtus encourt, il convient d’utiliser la dose minimale efficace de la molécule et de la répartir tout au long de la journée. Toute la grossesse doit être surveillée de près par une équipe pluridisciplinaire ainsi que le développement de l’enfant après sa naissance.
De plus, dès janvier 2016, la mention « valproate + grossesse = danger » sera apposée en rouge sur toutes les boites contenant la molécule afin d’alerter les patientes aux dangers pour leurs futurs enfants.
Sources :
Etude observationnelle ANSM-CNAMTS de l’exposition à l’acide valproïque et ses dérivés au cours de la grossesse, ANSM-CNAMTS, consulté le 16 décembre 2015